jeudi 16 septembre 2021

Confiance et obéissance

En regardant un des épisodes des "agents du S.H.I.E.L.D." sur Disney+, j'ai été agréablement surpris par leur façon d'aborder la question de "l'obéissance hiérarchique", omniprésente dans cette organisation "pseudo-militaire" : 

En effet, pour faire obéir ses agents lorsque ces derniers commencent à discuter une de ses directives, Phil Coulson, le directeur, leur répond systématiquement : "c'est un ordre".

L'agent fait la tête, mais s'exécute quelques secondes plus tard, puisque le principe même d'un ordre est qu'il ne doit pas être discuté (souvenez-vous le zèbre I : "Réfléchir, c'est déjà désobéir").

Mais dans cet épisode, le directeur du S.H.I.E.L.D. prend sous son aile une nouvelle recrue jugée "incontrôlable", en lui précisant bien qu'il va juger de sa capacité à obéir sans discuter.

L'occasion arrive, et il demande à son agent d'exécuter un homme en face de lui en utilisant ses pouvoirs. L'agent est surpris, demande s'il est certain de lui. Après plusieurs relances de plus en plus autoritaires, il finit par s'exécuter.

Mais l'homme en question n'était pas réellement devant eux, car ce n'était qu'un hologramme, et l'ordre n'était qu'un test. 

Son chef analyse alors l'attitude de son agent, satisfait : ce dernier a d'abord discuté l'ordre, en donnant son avis. Mais il a fini par faire confiance à son chef (sans pour autant perpétrer une attaque létale, autre point qui n'a pas échappé à Phil Coulson).

Le point important de cette partie de l'épisode, et qui m'a incité à écrire cet article, c'est la notion de confiance.

Je refuse moi aussi d'exécuter des ordres sans réfléchir, quel que soit le niveau hiérarchique duquel ils me parviennent. Par contre, je serais prêt à obéir sans discuter à quelqu'un en qui j'aurai confiance.

Mais les systèmes hiérarchiques pensent pouvoir fonctionner sans cette notion, l'obéissance étant "obligatoire" et non "méritée". Et cela fonctionne d'ailleurs parfaitement bien avec les protons (voir encore le zèbre I), car ceux-ci ne remettent jamais le système en cause, et ne (se) posent jamais de questions. Il en va de même pour les ordres, auxquels ces derniers obéissent sans réfléchir "parce que c'est comme ça [que ça marche]". 

Pourtant, la confiance est nécessaire pour que le (bon) chef puisse obtenir l'adhésion pleine et entière de l'ensemble de ses "agents" (dans la Fonction Publique), de ses "soldats" (dans l'armée), ou de ses subordonnés (partout ailleurs). 

Mais pour cela, il devra mériter cette confiance en ayant lui-même un comportement irréprochable - la "droiture" confucéenne - ce qui est malheureusement rarement le cas des "managers" modernes. 

De même, les parents doivent-ils travailler jour après jour pour mériter la confiance de leurs enfants, ou bien se contenter de les "dresser" pour obtenir d'eux une obéissance aveugle ? Car que ce soit l'un ou l'autre, les ordres sont malgré tout nécessaires pour que leurs enfants puissent s'immobiliser sur le trottoir, d'un seul mot de leurs parents, au lieu d'aller chercher leur ballon de l'autre côté de la route au risque de se faire renverser par une voiture... 

La confiance peut donc s'avérer très bénéfique au fonctionnement de systèmes vertueux, dans lequel elle permet une acceptation naturelle de la hiérarchie et des ordres qui en découlent, comme cela était par exemple le cas dans certaines organisations de la Chine ancestrale, qui se basaient souvent sur la philosophie de Confucius

Mais sans garde-fous et sans esprit critique, cette confiance peut aussi parfois se muer en véritable "foi" dans d'autres, comme les sectes ou les milices armées, ou le leader est quasiment assimilé à un dieu. On peut alors y assister à des exactions monstrueuses, comme à l'époque des croisades, du nazisme ou encore aujourd'hui du djihad...

Donc là encore, il faudra veiller à ne pas aller trop loin...中庸 comme dirait là encore Confucius...

 

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