mardi 2 juillet 2019

Les trois placards

Cela pourrait être le titre d'une nouvelle, mais il n'en est rien...
Je compte en fait lister ici les différents types de placards que j'ai identifiés dans la Fonction Publique. Mais peut-être en existe t-il d'autres auxquels je n'aurais pas pensé...

Le type I est celui auquel les gens pensent tout de suite : une planque où personne ne vous dérange et où vous pouvez faire tout ce que vous voulez toute la journée tout en étant payé.
C'est le destin des fonctionnaires qui refusent de faire ce qu'on leur demande, qui le font mal ou dont on n'a plus besoin.
Plutôt que d'engager une procédure et pour faire plaisir au syndicats, la hiérarchie se débrouille pour créer un poste fantôme, de vaguemestre catégorie C à "chargé de mission", poste protéiforme à souhait, catégorie A et au-delà.
Le fonctionnaire se satisfait généralement de la situation, occupant ses journées à diverses activités, parfois même rémunérées, sans être déclaré bien sûr...
Ce n'est pas grave, c'est le contribuable qui paye.

Le type II, moins plaisant pour le fonctionnaire, arrive lorsque votre poste est convoité par la (nouvelle) hiérarchie pour le confier à un "ami", à une "connaissance", ou à un ex-colistier.
Au mépris des compétences de la personne sur le poste (de son ancien titulaire autant que du nouveau), on place l'heureux élu sur le poste du malchanceux, que l'on nomme sur un poste vacant ou sur un placard spécialement créé pour l'occasion (voir type I).
L'inertie et la lenteur de l'administration permettront d'absorber les problèmes générés par cette manœuvre.
Le fonctionnaire "démis de ses fonctions" vit alors rarement bien cette "promotion".
Mais il n'a pas d'autre choix que de se taire au nom de l'"adaptabilité" des agents publics et du devoir de réserve, qui décidément ont été fort bien conçus...

Le type III est quant à lui réservé aux personnels qui posent problème, d'une façon où d'une autre, et dont la collectivité aimerait bien se défaire - chose qu'elle ne peut pas "grâce" au statut de la Fonction Publique.
On crée donc pour ces personnes le même type de placard qu'en I et II, mais en prenant bien soin d'isoler au maximum ledit fonctionnaire (physiquement et moralement), en espérant ainsi le contraindre au départ.
C'est d'ailleurs le conseil que m'a donné mon Directeur de l'époque alors que je venais d'être nommé "Chargé d'Etudes" sous sa responsabilité (ça change de Chargé de Mission...).
Ces personnels finissent généralement par faire une dépression, enfermés entre le vide d'un poste virtuel, mais garanti à vie, et la difficulté d'abandonner ce même avantage inouï que n'ont pas les employés du privé.
D'autres, beaucoup plus rares, décident de se rebeller contre cette forme de harcèlement moral et exigent de la justice un travail en adéquation avec leurs compétences, puisque c'est ce que leur employeur leur doit en échange de leur salaire.
C'est ce que je fis. #JeSuisAuPlacard

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