La question du pouvoir est centrale depuis la nuit des temps, autant chez les hommes que chez les loups (le rapprochement des deux espèces n'est ici pas involontaire...).
Le pouvoir "fonctionne" car il répond à plusieurs besoins :
- Le premier, insatiable, qui anime tous ceux qui ressentent une immense satisfaction à "diriger", voire à "dominer" les autres, au point de combattre pour le gagner et le conserver.
- Le second, d'ordre plus pratique, qui permet d'utiliser l'instinct grégaire de tous ceux qui sont prêts à se laisser dominer par leurs "alphas" pour les diriger simplement et rapidement, avec une seule personne.
Pourtant, si les images choisies montrent un indéniable parallélisme entre les hiérarchies humaines et animales, ces dernières sont souvent beaucoup plus évoluées :
Dans le cas des oiseaux migrateurs, de simples canards sauvages, le rôle de leader (terme employé d'ailleurs en aviation) n'est pas permanent : les oiseaux occupent chacun leur tour cette position car elle dépense davantage d'énergie (ce qui est la même chose pour les responsables humains). Cette technique permet donc d'utiliser les compétences de tous au service du groupe, ce qui n'est pas le cas quand le chef se maintient en haut de l'organigramme "contre vents et marées" (la remarque est bien évidemment valable en politique aussi).
Autre exemple du règne animal : les "nuées" :
Dans ce genre de formation, il n'y a plus aucun "leader".
Pratiquées aussi bien dans l'air, sur terre et sous l'eau, cette technique de déplacement, qui semble a priori être aléatoire, permet 1/ de protéger le groupe des prédateurs 2/ d'adapter le mouvement en continu et de façon fluide, ce qui n'est là encore bien évidemment pas le cas d'un organigramme hiérarchique...
On pourra bien évidemment me répondre que le mouvement d'un banc de poisson n'a rien de comparable, "rien à voir" avec le choix d'un gouvernement de s'orienter par exemple vers un plus grand respect de l'environnement. Et pourtant...
En acceptant de confier les décisions relatives à l'avenir de plusieurs millions de personnes à quelques centaines de "représentants" (nos parlementaires), eux-mêmes guidés par un chef unique (notre président), nous nous privons de la grande majorité des compétences et de l'intelligence du groupe (le peuple).
Même s'ils daignent parfois nous faire l'honneur de nous recevoir dans leur permanence, ce petit nombre d'élus, grisés par le pouvoir et les avantages que ce dernier leur procure (voitures avec chauffeur, logements et bureaux somptueux, repas gastronomiques, salaires mirobolants, retraites hors-norme...), prennent souvent des décisions qui les avantagent, eux, leur famille, leurs amis et les lobbies qui les invitent au restaurant davantage qu'elles rendent service au peuple. C'est "humain".
De plus, il n'existe pas de solutions qui conviennent à tout le monde. Ainsi par exemple la suppression de l'impôt sur la fortune satisfait bien une partie de la population, mais en mécontente une autre, plus nombreuse.
Si on pratique une simple "démocratie du nombre", la décision est mauvaise, car elle ne profite qu'à une minorité, tout en envoyant la majorité manifester dans les rues.
Mais si l'on tient compte du fait que cet allègement d'impôts va (peut-être) inciter les plus riches à continuer à investir et à embaucher dans notre pays, le calcul peut finalement s'avérer gagnant...Mais ce n'était qu'un exemple.
Le problème est que l'intelligence du plus grand nombre n'est pas employée.
Pourtant, il existe aujourd'hui grâce à Internet de nombreux outils qui permettent d'exploiter cette "intelligence collective" et qui pourraient être utilisés à l'échelle d'un pays entier (si ce n'est plus).
Le Grand Débat du gouvernement et le Vrai Débat des gilets jaunes en sont des exemples.
Exiger la mise en place généralisée de ce genre d'outils pour utiliser les compétences d'un maximum de citoyens, et pas seulement d'un minuscule échantillon d'entre eux, tout élus qu'ils soient, n'est donc pas forcément synonyme d'"anarchie".
Elle est encore moins synonyme de "désordre", mot auquel on l'associe pourtant presque immanquablement dès que l'on demande que le pouvoir soit rendu au peuple.
Le désordre n'a d'ailleurs absolument rien à voir avec le concept de l'anarchie, qui demande simplement à ce que le pouvoir ne soit plus détenu par un "gouvernement" constitué à partir d'élites (l'oligarchie), et ce n'est pas Juan Branco et son best-seller qui me contredira....
En bref, comme le dit Normand Baillargeon, l'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir.
Nous aurions tous gagné.
Alors, ce pouvoir partagé, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?
Le cerveau humain est aussi un bel exemple de machin sans vraiment de hiérarchie qui fonctionne en mode collaboratif avec des performances assez remarquables.
RépondreSupprimerIl y aurait énormément à dire sur les travers de la hiérarchie, les limites d'une structure arborescente vs d'un réseau/graphe...
Juste une remarque, pour ce qui des canards, la hiérarchie n'est par définition qu'à 2 niveaux: le leader et les membres, alors qu'une hiérarchie organisationnelle dans une entreprise par exemple (a fortiori si elle est publique) possède un nombre de niveaux qui force le respect, susceptible de croitre à tout moment pour mieux asseoir la position du chef à son sommet (le verrouiller à son seuil d'incompétence?) (CF Lois de Parkinson).
Lois de Parkinson...j'en tremble de terreur...Merci DD pour ce commentaire. D'autres lois de ce style ici.
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